Les indigents d'hier, des pauvres d'aujourd'hui.
De la léproserie à la maison
de retraite, de l'isolement à la cité-camp.
Un tour autour de Tours, de l'histoire sans détour
La chapelle
Saint-Lazare est un hospice construit par l'église à la fin du XIème siècle dans
ce que l'on appelé la Varenne. A la fois lieu de culte et de soin, il abrita uniquement certain lépreux naît à Tours. Située à l'embranchement de la rue Blaise Pascale et de la rue Grécourt, cette bâtisse est aujourd'hui le
dernier vestige d'une l'histoire enfouie au Sanitas.
C'est suite
aux pèlerinages de Saint-Martin et de Compostelle, que la lèpre s'est
vraisemblablement propagée durant le XIe siècle à Tours. En 1455 un règlement
de police du Corps de Ville décrète la mise en quarantaine des malades. La chapelle était réservée aux Tourangeaux de naissance et leur internement décrété par les autorités de la ville. Les autres malades ainsi que les indigents de l'époque -les pauvres d'aujourd'hui- ils furent tout
simplement chassés à l'extérieur de l'enceinte de la ville au sud, dans une zone déserte ; à moins de un kilomètre des deux centre
urbains qui se trouvait aux abords de la Loire proche de la cathédrale.
Cet espace
d'isolement se situait entre la Loire et le Cher, dans leur plaine alluviale
appelée la Varenne. A cette époque c'était une zone marécageuse. Après y avoir
parqué ses lépreux pendant près de deux siècles, la ville de Tours aménagera au
XIXème cette Varenne qui deviendra après la seconde guerre mondiale le quartier du Sanitas.
La chapelle
Saint-Lazare devenue aujourd'hui maison de retraite "Les Amarantes", la Varenne
le Sanitas.
SANITAS = SANITATIS = SANITAIRE
Êtes-vous certain qu'il n'y a
aucun lien?
Le nom Sanitas est une référence direct à cet endroit sordide où la ville de Tours avait parqué/jeté/chassé/banni les lépreux et les pauvres. L'histoire de Tours revient au grand jour. Après l'euphorie des années glorieuses (à partir de 1959), c'est la découverte de l'eau courante, l'électricité pour tous ou presque, les toilettes, du travail, l'hygiène, une grande avancée sociale croyait-on pour ces nouveaux habitants. Mais à partir des années 1980 les déconvenues sont sévères.
Concernant le quartier du sanitas les volontés politiques sont très opaques et la ville ne sait que faire et n'a jamais su comment s'y prendre. Ça commence avec la politique de rénovation ensuite de la réhabilitation, ce qui est normal afin d'éviter la vétusté des bâtiments. Vient la stratégie du désenclavement (pour faciliter l'accès de la cité aux forces de l'ordre en prétextant un argument fallacieux qui est celui de dire "qu'une cité qui se renferme sur elle-même est une cité qui devient un ghetto") qui est toujours d'actualité. Et maintenant le coup de balaie final, la Résidentialisation.
Aujourd'hui le quartier est complétement militarisé, résidentialisé, les pauvres -les indigents d'hier- dont la ville ne voulait plus en son centre, sont aujourd'hui toujours mis à l'écart sous contrôle permanent (vidéovoyeurisme municipal, harcèlement policier, impossibilité de resté en voie publique, disparition des bancs, des arbres et des abris en général...) pour bientôt en être chassé par l'augmentation folle des loyers, justifiée par la politique des grands petits travaux (toujours mal fait parce que confiés à des entreprises qui bâclent le travail ou à la Régie de Quartier qui ne sont pas des professionnels mais une entreprise de réinsertion social par le travail).
Le Sanitas d'aujourd'hui ce n'est ni plus ni moins que la Varenne du Moyen-Âge dans laquelle la ville avait laissé crevé tous ceux qu'elle considérait comme des parasites pestiférés. C'est une condition humaine qu'elle a criminalisé.
Les pauvres sont un ennemi, vus comme des parias par un bon nombre de citoyen et comme des pestiférés par la municipalité. Mais où allait pour vivre??